Les artistes dans cette affaire ne sont que l’alibi d’entreprises qui voient s’effondrer leur modèle économique (faut-il dire leur « rente » ?) car elles n’ont pas su ou voulu comprendre la révolution technologique du numérique.
Souvenons-nous des moines copistes qui, pour préserver leur travail, voulaient pendre Gutenberg et lutter contre le développement de l’imprimerie. Souvenons-nous de ces orchestres qui voulaient faire interdire le disque ou des producteurs de musique qui pensaient pouvoir interdire la diffusion de leurs artistes à la radio.
En vérité, on ne peut pas arrêter le temps et la loi que veut faire voter le gouvernement est promise à l’échec : soit elle sera finalement efficace mais tellement liberticide qu’elle finira par être abrogée. Soit, comme il est plus probable, elle sera contournée par une fraction grandissante des internautes et tombera elle-même en désuétude.
Quand comprendra-t-on qu’il n’y a qu’une solution, rendre légal le téléchargement illimité pour faire bénéficier ainsi les Français d’un accès à la culture sans précédent, celui que permet cette extraordinaire invention qu’est internet ?
En contrepartie, bien évidemment, pour rémunérer les auteurs et les artistes, la seule solution viable est de mettre en œuvre ce qui a été appelé la licence globale. Chaque abonnement ADSL comporterait un prélèvement financier alimentant un fond réparti entre les artistes.
Et que l’on ne nous dise pas que la chose est techniquement impossible alors même que l’on s’apprête à doter chaque ordinateur particulier pourvu d’une connexion ADSL d’un "mouchard filtrant" répertoriant l’ensemble des sites visités vers un serveur central ! A cet égard, l’usine à gaz « riposte graduée » prévue par la loi « Création et internet » coûterait cher à chaque internaute français pour se faire espionner par une sorte de petit Big Brother électronique (en tout état de cause fourni par une multinationale informatique bien connue), tandis que la licence globale permettrait d’avoir accès à l’ensemble des richesses de l’internet…
On mesure combien cette loi liberticide et dispendieuse a peu à voir avec la défense des artistes-créateurs et avec le simple sens de l’histoire.
Dans un cas comme dans l’autre, elle fait penser à une digue de sable érigée face à l’océan. Comme toujours, les réactionnaires veulent arrêter l’histoire mais sont finalement, tôt ou tard, balayés par elle.